Mille nuits ou regarder les grenouilles nager

texte intégral / 36 pages / collection seul.e en scène / Atelier Grand Cargo / prix CHF 8.– / + frais de port / commande par courriel

un extrait

Je suis curieuse de la comédie du monde et quand cette comédie s'efface, je l’invente. Un petit bal d'automne, des lampions et un tuba. La femme qui rêve traverse le temps, ne vieillit jamais. C’est une sorcière. Elle aime plus que tous. Elle aime. Le monde plie à son rêve, à son espoir. Ses paroles sont de la couleur et de la musique assemblées. Rêver la vie devient une poésie. Des mots qui marchent et se perdent. Il faut le savoir, un mot perdu finit toujours par être retrouvé. Les gens les plus ternes se font surprendre par les mots perdus. Ils s’encoublent dessus, trébuchent, tombent à terre, se font mal. On ne peut pas ignorer les mots perdus. Les mots doivent se prendre au mot, ils ont un sens, une émotion, un plaisir, une douleur. Tenez, aimer. Drôle de mot, aimer. Aimer est une douleur, une griffure qui s’apaise ou ne s’apaise pas. Aimer est une contradiction. Ça contient ce qui brise, ce qui rend le plus heureux au monde, l’un ne va pas sans l’autre. Aucun bonheur n’est capable de faire si mal...


la rivière à la mer

texte intégral / 28 pages / collection seul.e en scène / Atelier Grand Cargo / prix CHF 10.– / + frais de port / commande par courriel

un extrait – petite éponge

Il est né un jour, quelque part de quelque chose. Quand ce quelque chose, c’est de l’amour, alors c’est pas mal. C’est la vie, le plaisir, la sueur... la folie. En fait, ça ne commence pas le jour où on naît, ni dans les temps qui précèdent. Je veux dire quand les corps s’effondrent cloués au lit, quand la marée se dépose, faire l’amour, c’est pas mal.
Alors quand ?
Ce n’est pas la bonne question.
La question c’est : combien de naissances pour être un homme ?


Niobé, un matin

texte intégral / 20 pages / collection seul.e en scène / Atelier Grand Cargo / prix CHF 10.– / + frais de port / commande par courriel

un extrait – une marée froide montée de la lune

le vent est insistant, une marée froide attisée par la lune

C’est le matin | le matin de ma mort | je vais mourir à midi à l’instant ou l’ombre sera unique, verticale | c’est le matin où se figent le temps et le corps | l’ombre ne sera qu’une, immobile, inflexible | je crains d’être seule | personne pour me tendre la main | seule | je n’aurai pas d’autre peur | il sera midi | il y aura de la lumière, de la chaleur | ne pas mourir le soir, ne pas se laisser aller comme la fin d’un jour | c’est au matin, au matin de ma mort | à midi, quand l’ombre ne sait plus où se tenir, je passerai | avant, je veux me souvenir des chemins, des erreurs | le temps est compté | à peine une matinée pour retrouver la trace de mes pas sur le sable | découvrir ce qui fut juste, ce qui fut faux | mettre dans la balance les parcelles de ma vie, en dresser le cadastre précis.


le lieutenant de guerre

texte intégral / 20 pages / collection seul.e en scène / Atelier Grand Cargo / prix CHF 10.– / + frais de port / commande par courriel

un extrait

Je n’aime pas votre silence | le silence, c’est quand on hésite ou qu’on méprise | le silence, c’est l’abîme où se noient tous les mots du monde | le silence c’est votre porte qui se referme | le silence, c’est la guerre et son indifférence | je veux garder des mots dans l'entrebâillement | vous pourrez pas fermer | je veux mettre des étincelles dans mes mots | vous pourrez pas refermer | j'ai grandi avec les léopards | j'ai vu passer les interminables nuages de poussière sous le sabot des gnous | le balbuzard déployer son envergure | j'ai vu le chacal et la hyène attendre et se partager les reliques d'une carcasse | j'ai vu toute la savane désemparée avant que ne commence la mousson | alors, je sais la patience qu'il faut pour attendre la pluie | je vous supplie d'attendre la pluie avec moi | la pluie, c’est des larmes qui viennent de loin | pour la neige, je ne sais pas | attendrez-vous ? | je passe ma vie à attendre la pluie | vous avez des silences | des griffures sur le temps qui passe | ça déchire la peau là où ça fait le plus mal | vous avez des silences qui me regardent comme des yeux | et je ne sais plus comment me tenir.


l'étoile du Nord

texte intégral / 24 pages / collection seul.e en scène / Atelier Grand Cargo / prix CHF 10.– / + frais de port / commande par courriel

un extrait – Lili et son client

Nous sommes des solitudes qui se rencontrent. On couche. Deux dans le même pieu, mais on reste seul. Ça ne s’explique pas. On se caresse, nus avec nos sexes au bout des doigts. On se touche, on gémit pour de vrai, pour de faux. On fait la comédie des odeurs, des échanges, de la sueur, mais on reste seul. Tu as gloussé comme un dindon. T’avais l’air égaré. Tant que tu écoutes dans la chambre, je peux croire qu’un autre jour est possible. Que ça serait autre chose qu’un coup payant. Deux solitudes ensemble. Si tu remets ton pantalon. Il faudra bien que tu le remettes. Tu partiras, un regard rapide sur la commode. Pour ne pas oublier les clefs de la voiture ou d’autres choses. Je reconnais toutes les fermetures éclair rien qu’à leur bruit. Un geste rapide, toujours le même. Cette manie de vérifier que tout est à sa place. Ce besoin de sentir que vous repartez avec vos couilles. Tu passeras la porte avec le souvenir d’un nom de pacotille. Celui que je donne en pâture à mes clients. Le vrai, le mien, celui qui était sur le formulaire de baptème. Celui qui se nichait dans la bouche de ma mère. Je le garde comme un secret. Dans tes moments solitaires, je n’aimerais pas que tu jouisses sur l’image de mon ossature et mon vrai nom.