La ligne obscure

Yves Robert

roman / 2014 / 11,5x16,5 cm / 164 pages / 21 CHF / 978-2-940518-13-5 / aux éditions d'autre part ou librairie La Méridienne

Voici le roman d’un homme qui meurt et s’en va seul, loin des siens. Son esprit libère des illuminations perdues où s’entremêlent les souvenirs de sa propre vie avec des bribes de la mythologie et de la barbarie humaine. Une animalité primaire s’ébauche en lui, affranchie de toute civilisation et de toute morale. Il se dépouille de sa condition d’homme et devient un fauve, un léopard… un tueur.


Le laboureur de Bohême

Johannes von Saaz – traduction et adaptation Joëlle Valtério et Julien Barroche

théâtre / préface Bernard Crettaz / illustrations Céline Masson / maquette Géraldine Cavalli / impression Montagna imprimeurs / format 19X12 cm / nombre de pages 64 / prix de vente CHF 17.– (+frais de port) / parution mars 2012 / commande par courriel

Le Laboureur de Bohême de Johannes von Saaz appartient sans doute à la catégorie de ces œuvres utiles et vivifiantes. Car comment offrir à ses semblables plus belle définition de l’âme humaine que ce dialogue métaphorique entre un homme et sa propre fin ? Ce laboureur - messager de l’Humanité face à la fatalité - se retrouve acculé à un abîme qui lui fait vertige... et pourtant il se bat, il se révolte, il rêve, il invente, il accepte, il grandit, bref il vit !

un extrait _____ La Mort (chapitre 4)

Une telle rébellion est inouïe.
Tu es un laboureur ?... en pays de Bohême ?
Cela fait bien longtemps que Nous n’y avons rien commis d’essentiel… Hormis, tout récemment, dans un joli village perché sur une colline... Nous avons effectivement exercé nos grâces sur une jeune femme…
Elle était admirable et vertueuse. Vertueuse… je le sais mieux que personne… j’étais à ses côtés le jour de sa naissance.
Pour lui porter chance, Demoiselle Honneur l’avait couverte d’un manteau de décence et d’une couronne de dignité. La jolie les a emportés dans la fosse ; ils étaient intacts.
Une femme à la belle morale, dévouée, loyale, sincère et surtout bienveillante envers chacun. A la vérité, rarement femme si parfaite Nous échoit entre les mains.
A moins que tu ne parles de celle-ci, Nous n’en voyons pas d’autre…


Le livre des tempêtes

Yves Robert

théâtre / postface Philippe Renaud / maquette Géraldine Cavalli / impression Montagna imprimeurs / format 19X12 cm / nombre de pages 160 / prix de vente CHF 25.– (+frais de port) / parution septembre 2008 / commande par courriel

En Sibérie la guerre civile fait rage; un enfant échappe à la mort; il croise le regard d'une prostituée et se retrouve parmi les bagages de l'armée française. Commencent pour lui les apprentissages : la langue et le travail. Commence un parcours qui le mène de Tientsin en Chine jusque sur les côtes de France, par une nuit de tempêtes, une nuit froide et terrible de l'automne 1941. Et dans ces ténèbres, il y a du vent, des étoiles brisées, de la musique et des fantômes, de la mémoire, des âmes perdues, des lumières sombres et des restes de métal éclatants : de l'or. C'est la vie d'un homme avec ses bourrasques, ses joies, ses plaisirs, son courage, ses malheurs, ses effondrements et sa fin.

un extrait – prologue

Edgar

Les ténèbres…
Il sera difficile de lire…

Les voix du monde

Nous prions pour les douze hommes en mer ; entrés dans la tempête et la nuit.

Edgar

Le feu !
Je n’ai plus de feu…
Qu’est-ce que je fais là ?

Les voix du monde

C’est toi qui sais.

Edgar

Le ciel !
Les étoiles se sont brisées.

Les voix du monde

C’est sous la terre, dans une cave.
C’est dans une cellule de la Kommandantur.

Edgar

Le froid…
La chaleur est perdue, le corps se recroqueville, parfois l’esprit revient.

Les voix du monde

Regarde autour de toi…
Les murs sont gris, auréolés de salpêtre.
Il y a un grillage d’aération avec un vent glacial.

Edgar

Je veux regarder plus loin, tant qu’il me reste du temps.
Je veux, dans mes souvenirs, retrouver son odeur…
Mais, j’ai presque tout oublié…

Les voix du monde

Nous sommes là, pour cela.
Nous sommes là, pour ta mémoire.


La femme qui tenait un homme en laisse

Yves Robert

théâtre / préface Martine Walzer & Marcelino Palomo / maquette Géraldine Cavalli / impression Montagna imprimeurs / format 19X12 cm / nombre de pages 68 / prix de vente CHF 15.– (+ frais de port) /parution mars 2006 / commande par courriel

Ce monologue est celui de la femme qui tenait un homme en laisse dans la prison d’Abou Graïb à Bagdad. Est-il possible de comprendre de tels agissements ?Ce texte coup de poing cherche à expliquer les doutes et les vicissitudes qui ont conduit une adolescente à se laisser submerger par la haine et la cruauté.

un extrait – Oklahoma

C’est une petite ville posée sur une plaine, c’est en Oklahoma, c’est une petite ville entourée par l’anse d’une rivière. Au début, il n’y avait rien que des herbes couchées par le vent et des nuages filant au ras des collines. Et puis un jour il y a un autre nuage, de la poussière, la colonne des chariots. Vous n’étiez pas encore né, moi non plus. Alors, il y a eu une ville, dans l’anse d’une rivière. Je viens de là. Bien sûr, je n’y étais pas, ni même mes aïeux ou quelqu’un de proche, de ma famille. Nous étions encore en Europe comme la plupart d’entre nous. Nous sommes venus plus tard avec le début du nouveau siècle quand la petite ville avait déjà fait sa place et que les Indiens étaient déjà parqués plus loin dans les montagnes. Mon arrière-grand-père, il est sorti d’un bateau d’émigrants sur la côte Est et un type lui dit que pour le boulot, il fallait aller en Oklahoma. C’est comme ça que ma famille s’est installée en Oklahoma parce qu’un type a dit qu’il y avait du boulot. Pour mon arrière-grand-mère, ça c’est passé comme ça, elle venait de Grèce. C’est tout ce qu’on sait d’elle, elle venait de Grèce et un jour, elle est arrivée à la ville, et c’est comme si, tout ce qui avait existé avant, c’était effacé. Elle a épousé mon arrière-grand-père parce qu’il avait du boulot. C’est tout. Ils étaient pas très regardants. Ils se sont mariés parce qu’il avait du boulot et qu’il avait envie d’une femme et qu’elle pensait qu’avec un type qui avait du boulot, elle n’aurait pas faim. On pense ce qu’on veut, mais ils avaient d’autres soucis.


La mort de Vladimir

Yves Robert

théâtre / préface Francy Schori / maquette Géraldine Cavalli / impression Montagna imprimeurs / format 19X12 cm / nombre de pages 84 / prix de vente CHF 18.– (+ frais de port) / parution mars 2004 / commande par courriel

Ce texte évoque en toute simplicité la vie d’un bébé très méconnu et tout à fait célèbre, puisqu’il s’agit de celui qui se trouvait dans la poussette du film "Le Cuirassé Potemkine" d’Eisenstein. On le surprend alors qu’il dévale les escaliers d’Odessa sous le feu des soldats, début d’une vie faite toute entière d’aventures et de luttes qui traverse le XXe siècle. Sans surprise, à la fin, il meurt

un extrait – L'apaisement

Le vent tombe et se recroqueville dans un silence léger, ce n'est pas l'été. C'est la fin de l'été avec ses orages déjà évaporés. C'est le basculement dans l'automne, encore chaud, l'automne d'avant les fraîcheurs. C'est l'automne à l'air sec. L'atmosphère est enfin balayée des poussières, et le regard porte loin, on a donné des lunettes à Monsieur Turner. On distingue maintenant la trame du lin dans les voilures d'un navire à quai. Même s'il est encore trop tôt pour aller plus loin, ils se caressent du regard et de la paume, comme on pétrit la terre du modèle. L'apaisement est une grande fatigue mélancolique. L'on dort éveillé, on est heureusement triste, ou plutôt on est tristement heureux. On attend le réveil sans impatience. On attend le matin où s'effilochera la douce torpeur. C'est une maison de pierre. Les chaises et la table sont en bois rugueux, une cafetière vide est posée dans l'âtre froid. Le vent s'ébroue et dépose les premiers flocons de l'hiver sur les carreaux de l'entrée. La porte est ouverte depuis plusieurs jours déjà. Les chemins se croisent et se décroisent. L'Europe n'est plus qu'un décor de toile peinte, il est mité, cassé, brûlé. C'est une ruine envahie par la foule des figurants. Les chemins se croisent et se décroisent... Vladimir et Adrienne arrivent à Venise. Au vent d'Orient, le vent des sortilèges. Au vent d'Orient, le vent d’opium.